La toile de jute, tout le monde connait. Mais savez-vous comment elle est fabriquée ? Suivez-nous dans un petit tour d’horizon sur les différentes étapes de son processus de fabrication : préparation de la fibre brute, cardage et peignage, filature, bobinage, nettoyage et ourdissage font partie du process indispensable avant le tissage de la toile de jute. On vous explique tout !
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L’extraction de la fibre
Avant de pouvoir fabriquer du tissu avec du fil de jute, il a au préalable fallu extraire la fibre de la tige de la plante. La culture du Corchorus capsularis est principalement concentrée dans le Golfe du Bengale, avec comme principaux pays producteurs l’Inde et le Bangladesh.
Après que la plante est arrivée à maturité en atteignant une hauteur entre un et quatre mètres, environ 3 à 4 mois après avoir été semée, elle est récoltée.
Puis arrive l’étape du rouissage qui dure environ 15 jours à 3 semaines. Il consiste à lier les tiges en faisceaux de fibres et à les laisser dans l’eau pour pouvoir ensuite séparer facilement la tige de la fibre. Il suffit ensuite d’extraire la partie fibreuse selon des techniques biologiques ancestrales.
Les fibres sont ensuite lavées et rincées puis mises à sécher librement au soleil. Enfin, elles sont rassemblées et nouées avant d’être vendues pour transformation.
La filature
La fibre brute de jute ne peut en effet pas être travaillée telle quelle et subit encore de nombreuses manipulations avant de se transformer en un fil de jute prêt à tisser. Ce qu’on appelle la filature correspond à ce long processus qui consiste à transformer la fibre de jute en fil, séparée en plusieurs étapes distinctes.
Autrefois réalisées manuellement, les étapes de transformation sont désormais effectuées le plus souvent sur des machines par les fabricants..
Ce process de métamorphose se décline en 5 étapes, toutes indispensables pour travailler la fibre et la transformer en tissu :
- La préparation de la fibre
- Le cardage
- Le peignage
- La filature
- Le bobinage
Préparation de la fibre
Cette opération consiste à imprégner les fibres de jute de toile de jute avec une préparation à base d’eau, d’huile et d’émulsifiant.
La préparation rend la fibre plus douce. Elle en augmente également la flexibilité, réduit les fragilités et la rigidité et augmente la cohésion des fibres de jute entre elles.
Cardage du jute
Le cardage consiste à démêler les fibres de jute à l’aide de machines afin de séparer, aligner et aérer les fibres.
Les fibres passent à grande vitesse à travers un parcours d’aiguilles afin d’obtenir une nappe homogène de fibres (en densité et en poids) qui est enroulée sur elle-même.
Peignage
Cette opération consiste à imprégner les fibres de jute avec une préparation à base d’eau, d’huile et d’émulsifiant.
La préparation rend la fibre plus douce. Elle en augmente également la flexibilité, réduit les fragilités et la rigidité et augmente la cohésion des fibres de jute entre elles.
Filature du fil
Comme son nom l’indique, la filature consiste à transformer le ruban en fil de jute.
Ce processus est effectué à l’aide d’un continu à filer. Une adjonction d’huile est ajoutée afin de faciliter l’opération. On optera pour une huile minérale dans la majorité des cas.
Cependant, pour fabriquer du fil à destination des marchés alimentaires, il est préférable de choisir une huile végétale. Le fil fraîchement fabriqué est enroulé sur des petits bobineaux cylindriques de 1 kg maximum.
La grosseur du fil (ou titrage) obtenue sera fonction du réglage de la machine. Le titrage du fil de jute est exprimé en LBS (Livre pour 14 400 Yards), qui pourra aussi facilement être converti en NM (Numéro métrique = KM / KG). Les titres fiables avec le jute varient entre 64 lbS et 4,8 lbs ou NM 0,4 à NM 6.
Le bobinage
Le bobinage est la dernière étape du process de transformation de la fibre de jute en fil. Le fil de jute va être enroulé et noué sur des bobines de précision de 10 à 20 kg.
Il pourra ainsi être prêt à être utilisé pour le tissage. Pour les besoins du tisseur et suivant le type et la qualité du tissu qu’il souhaite fabriquer, le fil pourra subir de nouvelles transformations avant d’être mis en œuvre sur le métier à tisser.
Ainsi, il pourra être blanchi et/ou teint ou encore être tordu à nouveau en plusieurs brins. Le retordage permet d’assembler plusieurs fils simples entre eux pour fabriquer un fil plus gros, plus résistant et plus lisse. C’est ce processus qui permet de transformer le fil en ficelles et cordes de jute de différents diamètres.
Le tissage du fil, le savoir-faire du fabricant
Le tissage consiste à transformer le fil de jute en tissu en croisant les fils de chaîne et les fils de trame avec une armure et une densité définie.
Comme pour la filature, le tissage du fil de jute se déroule en plusieurs étapes avant d’obtenir un tissu.
L’ourdissage / l’encollage
L’ourdissage est l’opération qui permet de fabriquer la chaîne du tissu.
Plusieurs centaines / milliers de fils sont positionnés parallèlement sur une ensouple* qui est ensuite chargée et installée sur le métier à tisser.
Pour réaliser cette ensouple à l’aide d’un ourdissoir, plusieurs bobines de fils sont placées sur un cantre afin de pouvoir être déroulées et simultanément être enroulées sur une ensouple primaire avec une tension constante et identique. Ensuite le fil est encollé, en passant dans un bain d’eau mélangé avec de l’amidon, séché et réuni sur l’ensouple finale.
L’encollage rend le fil plus solide et rigide. Il est indispensable pour la fabrication de tissu de jute dense sur des métiers à tisser modernes. En effet, la couche d’amidon ainsi déposée sur le fil assure un rôle de protection et limite son abrasion lors du passage dans les lisses et le peigne du métier à tisser.
Le tissage
Une fois cette longue étape de la filature terminée vient le tissage du jute pour obtenir la toile bien connue.
La chaîne montée sur le métier à tisser est tramée avec un fil de jute qui est inséré à sa perpendiculaire.
L’aspect et le poids du tissu sont très variables selon la combinaison choisie entre le nombre de fils de jute, la grosseur des fils, l’armure et la densité. Les armures les plus utilisées pour les tissus de jute sont la toile 1/1, les nattés ½ et 2/2 et les sergés 3/1.
Le tissage est encore réalisé sur des métiers à navettes dans certaines usines des Indes et du Bangladesh. En revanche, en France et en Europe, la fabrication de ces toiles de jute est exécutée sur des métiers à lances.
Les multiples utilisations des tissus en jute
Ainsi, la fibre de jute est tout d’abord devenue du fil, puis de la toile après un long processus de transformations, dont certains datent de la nuit des temps. La toile de jute est prête à être utilisée, et il est impressionnant de constater à quel point ses utilisations sont multiples, dans des domaines d’activités très différents :
- Domaine du bâtiment
- Décoration d’intérieur
- Tapissiers décorateurs : réfection de sièges et fauteuils
- Jardinage et maraîchage
- Transport et stockage
- Mode et habillement
- Loisirs créatifs
Utilisation de la toile de jute dans le bâtiment
La toile de jute est en effet de plus en plus utilisée dans l’univers du bâtiment pour ses qualités d’isolant naturel thermique comme le chanvre ou le lin ainsi que d’isolant acoustique. C’est de plus un matériau respectueux de l’environnement, atout non négligeable pour la construction de bâtiments plus vertueux.
La toile de jute en décoration
Plébiscitée pour son aspect naturel et rustique et l’authenticité qui s’en dégage, la toile de jute trouve de multiples applications en déco. Elle se transforme en :
- Rideaux, tentures, revêtements muraux
- Coussins, tapis
- Tapisserie, sangles et toiles pour sièges
- Sacs à main, cabas, sacs de plage
- Chemins de table, tapis, accessoires de décoration, bouquet
- Emballages…
La toile de jute pour jardiner
La toile de jute est le meilleur ami du jardinier et du maraîcher. Ses qualités isolantes la prédestinent à une utilisation en extérieur, tout comme son excellente résistance à l’humidité. De plus, la toile de jute est biodégradable et nourrit le sol en se décomposant. La toile de jute est recommandée pour plusieurs utilisations :
- Jardinage et maraîchage : protection des sols, des troncs et tiges
- Stockage et transport de denrées alimentaires
- Stockage et transport de gravats, déchets
- Création de géotextiles, isolation
Pour chaque utilisation, un type spécifique de toile de jute est recommandé, plus ou moins fine, rigide ou dense. Faites-vous conseiller par un professionnel qui vous orientera sur la toile la plus adaptée à vos besoins et découvrez tout ce qu’on peut faire avec toile de jute.
Ensouple : cylindre d’un métier à tisser, sur lequel on monte les fils de chaîne.
Ourdissoir : appareil servant à étaler en nappe et à tendre les fils de la chaîne.
Cantre : partie de l’ourdissoir où sont enfilées les bobines.