Vous connaissez la toile de jute mais que savez-vous de la plante dont elle provient ? Voyageons ensemble jusqu’en Asie et découvrez avec nous la culture du jute et plusieurs étapes de culture et de transformation, de la fibre au fil de la jute.
Voir le sommaire
Une plante tropicale
Le jute est une plante tropicale de la famille des Malvacées que l’on trouve principalement en Asie. Cette plante a en effet besoin d’un climat tropical à faible altitude avec des conditions particulières, c’est-à-dire à la fois chaud et très humide (entre 60 et 90 % d’humidité) pour se développer : le jute aime l’eau et la chaleur de la mousson !
Lorsque la pluie tombe en abondance (environ 75-100 mm), la plante peut commencer sa croissance pleinement. Il faut un sol particulier pour que celle-ci se développe : type alluvial ou argilo-sableux.
Le nom scientifique de la plante est Corchorus mais on l’appelle également chanvre de Calcutta. Il existe de nombreuses variétés, dont beaucoup sont restées à l’état sauvage et considérées comme des mauvaises herbes tropicales, comme le trilocularis, le fascicularis, l’acutangulus, le tridens, etc.
Le jute utilisé pour la culture provient de deux variétés :
- Le jute blanc ou corchorus capsularis
- Le jute rouge ou corchorus olitoriu, encore appelé « tosha »
La production du jute
La production du jute s’élève à 3 millions de tonnes au niveau mondial en janvier 2022, quasiment au même niveau que la production du coton.
Aujourd’hui 95 % de la production mondiale de jute se trouve dans le Golfe du Bengale, et plus précisément au Bangladesh et au nord-est de l’Inde, dans la région de Calcutta et dans les vallées du Gange et du Brahmapoutre.
Il est aussi produit dans d’autres pays : Népal, Birmanie, Cambodge, Bhutan, Pakistan, Chine, Thaïlande, Viêtnam. Ainsi qu’en dehors de l’Asie : Égypte, Cameroun, Iran, Pérou, Ouzbékistan. On trouve aussi un peu de culture de jute en Europe et notamment… en France et en Belgique !
Un hectare produit environ 2 tonnes de fibre sèche, c’est l’une des fibres naturelles les moins chères avec un prix stable. Le jute se place juste derrière le coton par sa production et les divers usages possibles, notamment les fameuses toiles.
On estime que l’industrie du jute fait vivre près de 4 millions de personnes au travers de toute la filière allant de l’agriculteur au confectionneur. Une filière indispensable à l’économie locale des pays producteurs, le plus souvent très pauvres. Elle est aussi bénéfique pour la planète puisque la culture du jute absorbe le dioxyde de carbone et rejette de l’oxygène.
De plus, la culture du jute favorise la réduction de l’utilisation du plastique, notamment pour les emballages et le marché des sacs en jute, un marché estimé à 2,5 milliards euros en 2024 ! Et sa progression n’est pas terminée, puisqu’on trouve désormais de multiples utilisations du jute dans les domaines de la décoration, mais aussi de la mode avec l’arrivée de cette matière chez les grands couturiers comme Christian Dior, alors qu’elle n’était auparavant jamais utilisée pour l’habillement car trop grossière sans traitement spécifique.
Outre l’extraction de la fibre dont on fera du fil puis de la toile ou des tissus, la plante est entièrement exploitée. Les tiges restantes dont on a extrait la fibre servent à allumer le feu ou comme bois de construction pour des barrières d’enclos par exemple.
Feuilles et graines sont utilisées dans l’alimentation dans certains pays, ou comme ingrédient médicinal avec les racines !
Enfin le jute est 100 % recyclable et biodégradable, un atout non négligeable pour l’environnement !
La culture du jute
De la récolte au fil
Comme toute plante cultivée, le jute suit un process précis :
- Récolte des plantes à maturation
- Séchage pendant 6 jours environ
- Ramollissage dans l’eau 10 à 30 jours
- Extraction des fibres ou rouissage
- Nettoyage et filage
- Filature
La récolte
Le jute est une plante à culture annuelle, il est planté en avril et récolté août. Une des particularités de la plante est qu’elle est cultivée avec pas ou très peu d’intrants :à bas les produits chimiques et vive le bio ! Le jute se développe naturellement en 120 jours environ et sa culture naturelle en fait une plante écoresponsable particulièrement respectueuse de l’environnement.
À maturité, la taille des plants de jute varie de 1 m à 4 mètres de hauteur selon les régions et les conditions climatiques. Les tiges atteignent la grosseur d’un doigt humain à maturation. Les feuilles pétiolées de couleur jaune et de limbe triangulaire mesurent environ 10 à 15 centimètres de long et 5 cm de large. Selon les espèces, elles terminent leur floraison par une fleur ou un fruit en forme sphérique.
Le rouissage, l’extraction et le séchage
Cette étape consiste à laisser macérer la plante dans l’eau pendant 10 à 15 jours pour ensuite pouvoir facilement séparer la fibre de l’écorce. Les troncs sont liés en faisceaux et trempent dans l’eau.
Les troncs sont ensuite grattés pour récupérer la fibre qui se situe juste sous l’écorce.
La séparation et l’extraction se font manuellement en battant les fibres sur le sol. Les fibres récoltées sont ensuite lavées puis mises à sécher naturellement au soleil avant d’être vendues.
Après séchage, la fibre de jute (ou « fibre d’or ») est soyeuse, avec des reflets un peu brillants. Sa teinte varie en fonction de la météo, c’est-à-dire en fonction de la quantité d’eau et de soleil que la plante a reçu lors des étapes du rouissage et séchage. C’est pourquoi vous ne trouverez pas dans le commerce des toiles avec une teinte toujours totalement identique.
La fibre est surtout très résistante, prête à se transformer en fil puis en tissu.
Maintenant que vous connaissez tous sur cette plante vraiment fantastique, vous pouvez découvrir ce qu’est la toile de jute et ses multiples utilisations. Vous connaissez bien sûr les sacs à patate ou peut-être l’utilisation en protection d’hivernage au jardin, mais sans doute pas ses nombreuses déclinaisons.